Voilà un sujet qui me trotte dans la tête depuis un certain temps.

Pour être plus précise, je dirais que c’est depuis la naissance de mon fils. Ou plus exactement depuis que je le porte à l’aide d’un porte-bébé. Et j’aimerais partager avec vous mes réflexions.

Les merveilles du portage

Comme vous ne le savez peut-être pas, je suis une fervente militante du portage depuis toujours.

En effet, il n’y a rien de plus naturel que de porter son enfant contre soi pour l’aider à grandir dans une sécurité affective optimale.

Toutes les études l’ont démontré. Les nourrissons ont besoin de sécurité, ils ont besoin de sentir un contact physique, d’être aussi en contact avec l’odeur, la voix de leur mère. Même si pour la voix, cela vient plus tard.

Je le vois bien avec Tao. Dès que je le mets dans son porte-bébé physiologique, contre mon ventre, il se calme presque instantanément. D’ailleurs, les spécialistes de la puériculture sont tous d’accord sur ce point. Le bébé porté dort beaucoup mieux, pleure beaucoup moins, et il a moins de coliques.

Pour ce dernier point, c’est dû à la position verticale du nourrisson quand il est porté. Et attention, il est indispensable que cette position soit bien physiologique, c’est-à-dire en grenouille, avec les genoux au-dessus des hanches et le dos recourbé. Dans le cas contraire, le bébé risque une dysplasie de la hanche, et donc de nombreuses complications avec opérations.

Bref, mieux vaut éviter. D’ailleurs, il paraît tout de même bien plus naturel que nos chérubins se tiennent de cette façon plutôt que suspendus par l’entrejambe (et non je ne serai pas vulgaire ici en évoquant les attributs masculins).

Mais le portage a encore d’autres avantages. Je ne parle pas de l’avantage pratique, qui est que l’on a les mains libres pour faire ce que l’on veut (au passage, les vendeurs de porte-bébés et écharpes de portage parlent souvent de pouvoir vaquer à ses occupations, ce qui signifie plus ou moins, en sous-entendu pour les femmes, les tâches ménagères !).

Non, je parle de véritables valeurs que l’on peut transmettre à son enfant. Les études scientifiques ont prouvé que les mamans qui portent leur bébé communiquent plus facilement avec leurs enfants.

Elles reconnaissent mieux leurs besoins et deviennent plus compétentes pour s’occuper correctement de leurs rejetons. A l’inverse, les femmes qui ne portent pas leur bébé ont plus de problèmes pour l’éducation. Elles se sentent moins compétentes et sont beaucoup plus sujettes à la dépression.

Tout ceci est à rapprocher de la théorie de l’attachement inventée par le psychiatre américain John Bowlby, et développée par la suite par les psychologues Mary Ainsworth et Mary Main, des femmes d’exception.

En réalité bien sûr, ce n’est pas une simple théorie. Tout a été démontré. Le nouveau-né s’attache dès sa naissance à la personne qui s’occupe de lui. Il ne cesse de vouloir créer des liens avec son entourage.

Et voilà le point fondamental où je voulais en venir. Il s’agit bien de la « personne » qui s’occupe du bébé. Pas nécessairement sa mère.

Les papas peuvent (doivent) aussi participer au portage !

echarpe de portage

Pourtant, dès la découverte de la théorie de l’attachement, les féministes de l’époque l’ont critiquée.

Elles ont cru, à tort, qu’il s’agissait d’un nouveau stratagème pour garder la femme au foyer près de ses enfants pendant que l’homme pouvait lui sortir autant qu’il voulait de la résidence familiale.

Elles ont cru, encore à tort, que l’on cherchait à les culpabiliser, à leur dire que si elles n’étaient pas présentes pour leurs enfants, elles seraient de très mauvaises mères.

Or, la théorie de l’attachement ne parle pas du tout de ça. Elle parle d’une ou de plusieurs « personnes », qui peuvent être la mère comme le père, ou comme quelqu’un d’autre lorsque les parents sont défaillants.

Et c’est pourquoi je veux pousser un cri qui vient du fond du cœur. Les papas aussi peuvent porter leurs enfants à l’aide d’écharpes de portage ou de porte-bébés ! Et il serait bien qu’ils s’y mettent pour une plus grande égalité entre hommes et femmes.

Bien sûr, je ne parle pas là de mon mari, qui est adorable, et qui porte régulièrement Tao contre lui. D’ailleurs, il adore ça. Il faut dire que le peau à peau est très agréable pour le bébé comme pour les parents.

Je veux parler globalement de cette société qui nous dicte la manière de nous comporter. Non, porter son bébé contre soi ne s’apparente pas à un manque de virilité.

Et oui, les papas doivent plus s’impliquer dans l’éducation et la protection affective de leurs enfants pour un monde plus apaisé. Il n’en ressortira que de bonnes choses, que ce soit pour les familles ou pour la société toute entière.

Je dois dire que j’ai été choquée quand je suis allée à mon premier atelier de portage. Pour ceux qui ne connaissent pas, il s’agit d’ateliers organisés par des associations comme l’AFPB (Association Française de Portage des Bébés) pour apprendre aux parents à porter leur enfant.

Essentiellement, il s’agit d’apprendre à manipuler bébé avec précaution, à se former aux nœuds des écharpes de portage avec une monitrice agréée, et à découvrir de nouveaux porte-bébés comme les slings ou encore le Mei-Tai.

Donc, quand je suis allée à mon premier atelier, il n’y avait quasiment que des femmes. « Où sont les maris ? » me suis-je dit. Le mien était excusé pour une raison personnelle importante (je ne rentrerai pas dans les détails) mais les autres ?

Et bien, ils avaient tous leurs raisons, d’après ce que m’ont dit les autres femmes de l’atelier, mais aucune ne me semblait vraiment importante comparée au bien-être de leur enfant.

Alors, certes, la publicité a fait beaucoup de mal à ce niveau-là. On voit rarement un homme utiliser un porte-bébé ou une écharpe de portage sur les dépliants des fabricants. Et quand on en voit un, c’est souvent pour un porte-bébé de randonnée. C’est bien connu, là il faut un homme fort. Encore des clichés !

Tout ça pour dire aux hommes que l’avenir de l’humanité tient aussi à leur comportement de tous les jours. Et aux femmes d’inciter leur homme à plus s’occuper des petits. C’est dit !